Récit du championnat de France Universitaire 1986

“   Il y avait la possibilité de se qualifier pour sortir de l’académie de Toulouse et disputer le championnat de France des Grandes Écoles. Ce fut le cas lors de la saison 1985-1986, après être venus à bout de Kiné et de l’INSA, même si nous étions sur le papier majoritairement des « sans-grades », heureusement amalgamés à quelques pépites issues d’écoles de rugby de renom avant leur passage par la prépa. L’appétit est venu en mangeant puisqu’après un 1/8ème arraché sous la neige bordelaise à Santé Navale (médecine militaire), le 1/4 de finale à Montpellier (les déplacements se faisaient à la vitesse de pointe de 70 km/h grâce au bus de l’ENVT) nous a permis d’éliminer l’INP de Grenoble. Pour la demi-finale qui tombait pendant le stage d’avril, nous avions convenu de nous retrouver à Saint-Junien (87) autour de notre entraîneur de légende Marc BATISSE, quelques jours avant le match contre AGRO Paris à LIMOGES. Sont-ce les pâtes concoctées par Didier MATHON ou l’austérité des soirées à St Junien, le tout est que le cap de la demi-finale a été passé avec succès.

Ne pouvant nous regrouper dès la semaine suivante pour la finale contre IEP (Sciences-Po) Paris, il a fallu accepter d’aller jouer au domicile de notre adversaire (terrain de Boulogne-Billancourt), qui plus est un 1er mai, avec obligation de faire l’aller-retour dans la journée, donc en avion un jour « rouge ».  Là, il faut reconnaître le soutien sans faille du directeur, le Pr FERNEY, qui a permis la prise en charge du déplacement par l’école.

Malheureusement, la belle série s’est arrêtée là avec un goût amer laissé par un score serré (11-6) mais surtout, plus que la panne de réveil d’une de nos « pépites », un essai parisien entaché d’un en-avant et une tricherie révélée quelques temps après la rencontre nous apprenant que la pépinière de notre « élite dirigeante » avait fait joué sous fausses licences (malheureusement pas vérifiées par notre prof de gym) quelques sociétaires de clubs tels que le stade français ou le racing…

La pilule étant déjà dure à avaler, un correspondant anonyme (pas de portables à l’époque) a eu la « bonne idée » de téléphoner au cercle de l’école, où démarraient les inter-écoles de rugby, pour annoncer que nous avions gagné. Ce sont donc quelques centaines d’étudiants de tout l’hexagone qui se sont mis en mouvement jusqu’au hall d’arrivée de l’aéroport au son de « Vétos champions » et ce sont leurs voix que nous avons distinguées de plus en plus clairement dans le tunnel de débarquement. Demandez à mes coéquipiers mais je pense que tous ont été marqués par cet accueil aussi inapproprié que chaleureux. Passé le démenti de la fausse nouvelle, l’enthousiasme de ce comité de réception et la magie du 1er mai à Toulouse ont heureusement opéré.”

T. Espinasse (T87)

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