Les vétos champions de France Universitaire 1939
L’ECOLE VÉTÉRINAIRE DE TOULOUSE EST CHAMPION DE FRANCE
Agen, 30 mars. — Ecole vétérinaire de Toulouse bat Ecole de pharmacie de Bordeaux par 6 points (1 essai, 1 but sur coup franc) à 5 (1 essai, 1 but).
La chose la plus réjouissante de cette finale du championnat de France universitaire est certes la correction exemplaire dont ne se départirent jamais les trente joueurs car, par ailleurs, le rugby pratiqué fut d’une médiocrité assez décourageante. Plus complets, plus rapides, les pharmaciens ne surent pas, au cours d’une première mi-temps presque totalement à leur avantage, mettre à leur actif un score les plaçant à l’abri de toute surprise. Par contre, les Toulousains possédaient dans leurs rangs des joueurs à la classe certaine dont l’action individuelle finit par faire pencher la balance en leur faveur, mais avant de parvenir à la fin des 80 minutes de jeu à ce score de 6 à 5, que de maladresses commises, que d’erreurs de jugement, d’excès de personnalité !
La partie :
Avantages par un vent violent, favorisés par le rendement supérieur de leur mêlée, les Bordelais déclenchèrent dès le début quelques offensives sans mordant. Leur supériorité constante devait rester longtemps négative, les passes étant mal assurées. Le ballon, sans quitter les 22 des Vétos, allait d’une touche à l’autre, lorsque, variant leur système d’attaque, les pharmaciens usèrent du coup de pied à suivre. Un rebond heureux devait les encourager à persévérer dans cette manière de procéder, puisqu’il leur valut un essai aggravé de but. Pendant trente minutes, les Girondins continuèrent leur pression et, il fallut une fort belle trouvée de Duvigneau pour que les Vétos se montrent à leur tour menaçants. Clotte poussa un peu trop loin une action personnelle alors qu’il avait deux joueurs démarqués à sa gauche. La mi-temps intervint rapidement après une tentative de but de Duvigneau arrêtée par la barre transversale.
A la reprise du jeu, les Bordelais essayèrent d’utiliser leur vitesse pour déborder les Toulousains. Ceux-ci ne s’affolèrent pas et, s’échappant sur touche longue, Andrieu rétablissait la situation. Duvigneau ne devait pas tarder à accentuer la pression des vétos, mais cette fois encore l’action individuelle primait sur le jeu d’équipe et pour aussi brillante qu’elle fût elle n’amenait aucun résultat positif.
Toutefois, sur attaque classique, Clotte donnait à suivre et l’ailier Schmid, reprenant en pleine course un rebond favorable marquant avec beaucoup de décision un essai non converti. Pour conserver leur faible avance, les Bordelais oublièrent que la meilleure façon de défendre est encore d’attaquer. Ils se cantonnèrent dans une action trop prudente, ne montrant de l’initiative que pour se porter trop rapidement sur l’attaque adverse. Un de leur hors-jeu sanctionné par un coup franc permit à Duvigneau d’assurer le succès des Toulousains.
M. Lamarque arbitra impartialement.
Cette rencontre ne méritait guère de longs commentaires, étant surtout donné que nous avons fortement souligné le jeu pratiqué. Les Bordelais doivent leur insuccès au manque de partage de leurs lignes arrières qui ne surent pas exploiter la générosité de leurs mêlées ni la vitesse de leurs éléments. Quant aux vainqueurs, ils peuvent reporter le grand mérite de leur succès sur Auxion, Guéri, Andrieux et Duvigneau. On était tout de même en droit d’espérer pour une telle finale une exhibition plus académique, un jeu moins confus et moins heurté.
A. RABAL
Récit de la finale du Championnat de France des Grandes Écoles en 1939 contre Pharma Bordeaux. Source : gallica.bnf.fr / BnF ; La Dépêche du 31 Mars 1939.