Le rugby à l’École Vétérinaire de Toulouse : de ses origines à la création du Stade Toulousain
La naissance des premiers clubs toulousains
En 1872, le Rugby-Football, variante du Football née en 1823 au collège de la ville de Rugby en Angleterre, fait son arrivée en France. Il faut attendre 1892 pour voir la naissance du premier club toulousain, les Sans-Souci, constituée par les internes du Lycée de Toulouse, et encadrés par Mercadé et Tallavignes, deux adeptes du rugby arrivés de Paris et Reims. Si le rugby connaît alors des débuts timides dans la ville toulousaine, l’organisation des premiers matchs à l’extérieur, la victoire contre Narbonne 13 à 0, ainsi que le match nul en 1896 contre la grande équipe de Bordeaux, font naturellement grandir l’intérêt pour ce sport.
En 1895, le Sport Athlétique Toulousain (SAT) voit le jour, jouant avec un maillot jaune et noir. En 1897, les anciens Sans-Souci, devenus externes, s’entendent avec le stade des étudiants toulousains, pour former le Stade Olympien des Etudiants de Toulouse (SOET), parés de leur maillot rouge à bandes noires diagonales. Le SOET, grande équipe toulousaine, comptait dans ses rangs d’excellents joueurs venus parfois de loin (Montpellier, Tarbes, Montauban), et comptait notamment les étudiants vétérinaires de Toulouse.
En 1899, un certain Coulon, joueur du SOET, décide de se séparer du SOET pour créer l’Union Sportive de l’Ecole Vétérinaire (USEV), qui jouera en maillot gris et culotte noire. Ainsi, ces trois clubs cohabitaient dans la ville, et figuraient parmi les meilleures société sportives de France.
La réussite sportive des Vétos
En 1902, l’USEV remportera deux victoires contre la grande équipe de Bordeaux, le SBUC, sur le terrain de la Prairie des Filtres, sur les scores de 12 à 11, et 16 points à 0. Les vétos obtiendront également un match nul contre la société voisine, le SAT, 3 points à 3.
En 1903, les vétos s’élèvent au rang des meilleures équipes de France, en battant le SOET (6-5), le SAT (14-3), le Stadoceste Tarbais (13-3), ainsi que le Lyon Olympique (6-0).
En 1904, l’Union remporte le championnat Sud contre le SOET à la Prairie des Filtres, devant plus de cinq mille spectateurs, sur le score de 8 à 0, et obtient ainsi son billet pour le championnat de France. Ils échoueront en quart de final contre les bordelais du SBUC, futurs vainqueurs de la compétition, à cause d’une injustice arbitrale restée dans les mémoires. À cette époque, deux joueurs en particulier, Coulon et Damestoy, se font remarquer par leur niveau de jeu, et sont sélectionnés pour monter à Paris jouer avec le Quinze-Français, équivalent des Barbarians, opposés à la formidable équipe galloise de la Swansea F.C. Si le SOET obtiendra péniblement sa revanche sur les vétos plus tard dans l’année, au Challenge de l’Allaitement Maternel, l’équipe de l’USEV aura tout de même particulièrement brillé cette année-là.
Fusion des clubs et naissance du Stade Toulousain
En 1905, face à une équipe du SOET plus redoutable que jamais, l’USEV et le SAT s’associent pour former le Véto-Sport. Ils quittent alors la Prairie des Filtres, et inaugurent le Stade des Recollets face à l’équipe première des bordelais du Burdigala, sur un match nul. Une semaine plus tard, ils reçoivent le SBUC, champion de France en titre, et s’imposent dans un match très serré, sur le score
de 3 à 0. Tout le monde se félicite de cette union toulousaine, qui porte ses fruits depuis le début de la saison. En 1907, ils renversent l’équipe du Stade Français à Paris. La même année, un match resté dans les mémoires opposa les équipes secondes du Véto-Sport et du SOET, au stade des Recollets. La rencontre tourna à la faveur du SOET, sur un score disputé de 5 à 3.
Enfin, c’est en mai 1907 que le SOET et le Véto-Sport consentent à rassembler leurs sociétés, après des séances de débat houleuses et le départ de sept joueurs contrariés à Tarbes, et fondent le Stade Olympien des Etudiants et Véto Sport. C’est au cours de l’année 1908 que la nouvelle association sera renommée sous le nom plus digeste de Stade Toulousain.
Les Vétos, artisans de la gloire du Stade Toulousain
Dès la fusion, le Stade Toulousain a pu compter sur des éléments forts issus de l’Ecole Vétérinaire, tels que Octave Léry, François Moura, François-Xavier Dutour, ou encore Pierre Jauréguy. Ces derniers se sont illustrés notamment lorsque le Stade est devenu champion de France pour la première fois en 1912, après une saison magnifique sans défaite, qui leur aura valu le fameux surnom de Vierge Rouge. La génération d’après-guerre aura également vu les vétérinaires Émile Larrouy et Pierre Pons participer à la victoire du Stade en 1922, première d’une longue série. Ce dernier sera même sélectionné avec l’équipe de France pour participer au tournoi des 5 Nations.
Et c’est ainsi que tout au long du 20e siècle, l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse forma de brillants joueurs de rugby dans ses rangs. Si ces étudiants étaient appelés à jouer dans les plus grands clubs de la région, ils n’ont cependant jamais délaissé leurs origines vétérinaires, et ont participé à porter l’équipe véto au meilleur niveau du rugby universitaire français.