Le Véto Étudiant Club à Tunis en 1951
« Entre 1948 et 1952, l’équipe de rugby disputa quatre fois la Finale du Championnat d’Académie et en particulier en 1950 contre le Droit. Pour vivre et s’équiper, il fallait des fonds et nous n’en avions pas. Une tentative relativement fructueuse permit un premier achat de maillots bleus et noirs à Castres grâce à la fabrication de l’insigne du Club qui eut beaucoup de succès. Il représentait une tête de cheval avec l’inscription “ V.E.C ”. Quelques opérations publicitaires, notamment auprès des confrères installés permettaient de collecter quelques subsides. L’équipe de Rugby tenait la vedette avec les Sudrié, Dumonteil, Sottier, Guedot, Savournin, Prat, Cazères, Vallier, Pébernard, Chanraud, Lacombe, Lux, Arrambide, Léveillé, Sautreau, Picat, Rigout… Nous disputions très souvent nos matchs le jeudi après midi sur différents stades. Nos adversaires habituels étaient : Francazal, la Police, la caserne Niel, le 5ème Train… Cela finissait souvent par un vin chaud, le citron était cher et rare ! Au retour, nous chantions “ Troulalère , troulalère, c’est l’école vétérinaire qui s’amène en chantant, on les a eus et les avants ce sont de bons enfants, les ¾ ce sont de bons lascars, les demis ce sont de bons amis, quant à l’arrière c’est une vraie barrière ”. Les commentaires de ces matchs étaient assurés par le Midi Olympique où nous avions un ami journaliste de talent, René Mauriès.
En 1951, l’opportunité d’un voyage à TUNIS nous fut offerte par des résidents français qui suivaient de près le rugby estudiantin et en particulier les résultats de l’équipe Veto. Ainsi, en février 51, nous avons pu mettre sur pied un groupe d’une vingtaine d’élèves de l’École en partance pour cette aventure. Nous avons embarqué à Marseille par temps d’équinoxe… Ce fut une nuit agitée , à fond de cale, sur le vieux rafiot “ Gouverneur Général Chanzy ”, une nuit épouvantable, mais à l’arrivée, merveille des merveilles, un temps magnifique, un soleil radieux et le parfum des fleurs d’orangers. Nous étions hébergés à l’Ecole d’Agriculture. C’était la découverte de l’Afrique pour beaucoup d’entre nous ! A notre arrivée ,nous avons déposé une gerbe au monument aux morts devant la cathédrale et l’immeuble de la “ Dépêche Tunisienne ”. A 13 h, sur Radio Tunis nous étions interviewés sur le sens de ce voyage . Nous avons ainsi pu remercier publiquement nos amis organisateurs et le Ministre de l’Agriculture de l’époque, le Général SAADALLAH . Nous avons rencontré Lucien PAYE, qui devint plus tard Ministre de l’Education Nationale. Dans l’après midi, visite des souks et le soir réception à la mairie, ou le Maire, bourguignon d’origine, nous reçut très aimablement. Le lendemain, départ sur 2 camions militaires mis à notre disposition. Vers Hammamet, Nabeul, Sousse et sa palmeraie jusqu’à Kairouan. Nous avons aussi découvert le bel établissement hippique de Sidi-Tabet, dirigé par le Dr DEJEAN, ou nous avons admiré de très beaux spécimen de la race arabe. Accessoirement, nous avons disputé deux matchs : un à Bizerte contre une sélection tunisienne, l’autre à Tunis. Le gazon était rare et le terrain très dur… L’atmosphère y fut toujours cordiale et les réceptions joyeuses. Le retour sur le “KAIROUAN” fut plus calme. A Béziers, une grève des cheminots ( déjà ! !) nous immobilisa une demi journée… Mais nous avons retrouvé notre école.En 52, nous avons encore été battus par le Droit, mais l’équipe que nous avons laissée, avec ses nouveaux arrivants, avait un bel avenir. Au total, des souvenirs inoubliables, ceux d’une camaraderie franche et intense. »
D’après René Pébernard (T52)